& les Chroniques
Express
Deathlist
"You Won't Be Here For Long"
DATES | Sorti le 29 mai 2020 | Publié le lundi 27 juillet 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Prendre le temps d'écouter ce très bel objet qu’est "You Won't Be Here For Long", c'est accepter de pénétrer dans un univers trouble où règne la pénombre, légèrement enfumé, où l’on respire des vapeurs d'alcool et des relents de sueur. Un endroit où la vision se trouble et où notre discernement s’estompe ; comme si l’on se retrouvait dans un épisode de Twin Peaks ("You Won't Be Here For Long", "I Was Floating") dans lequel on prendrait un plaisir infini à se laisser entraîner, aspiré par cette ambiance légèrement moite, presqu'animale, bercé entre bien-être et malaise. Jenny Logan, originaire de Portland dans l’Oregon, nous offre avec son quatrième album une immersion légèrement noisy, lancinante, entêtante, quasi hypnotique ("Sad High"), qui continuera à vous hanter bien après que l'écoute du disque soit terminée. Deathlist c’est The Jesus à Mary Chain qui aurait été ensorcelé par Chelsea Wolfe, Deathlist vampirise la noirceur de l’un et la douceur de l’autre et parvient à nous envoûter et à nous happer dans son délicieux univers où l’on n’aura de cesse de revenir tant ce qui en émane est d’une beauté quasi magnétique.
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18
PRÉMO
17/20
VAR
"The Never-Ending Year"
DATES | Sorti le 24 avril 2020 | Publié le mardi 26 mai 2020
POURQUOI | Nom | Titre | Islande
ET ALORS | Ayons l’honnêteté de l’écrire : même si le groupe islandais VAR s’est formé en 2014, nous le découvrons seulement aujourd’hui lors de la sortie de son troisième album qui ne quitte plus notre iPod. Bien sûr, la comparaison avec Sigur Ros est évidente à bien des égards : de par l’origine géographique du groupe tout d’abord, ainsi que par le timbre et le chant de Julius Ottar Björgvinsson, très proches de ceux de Jonsi. Mais il y a surtout ici une mélancolie belle et sincère, touchante de vérité, qui mêlée aux expérimentations des huit chansons plus indie que post-rock qui composent "The Never-ending Year", se trouve sublimée par ces guitares délicates (parfois) au son gros comme ça (souvent). Le motif répétitif au piano de "Drowning", le jeu de batterie spectaculaire de "Highlands", les nappes de synthés sobres là où elles sont absolument nécessaires, habillent d’un voile solennel des compositions plus complexes qu’il n’y paraît, et proposent en somme une poésie à fleur de peau de très grande facture dont on ne peut se défaire. A découvrir de toute urgence.
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15
PRÉMO
16/20
Sorry
"925"
DATES | Sorti le 27 mars 2020 | Publié le mercredi 29 avril 2020
ET ALORS | Quel gifle ce "925" ! Et qu'elle est agréable cette rougeur sur la joue ! La jeune formation originaire de Londres s'amuse avec "925" à rebattre les cartes de l'indie pop en empiétant avec la plus grande finesse sur les plates-bandes de deux trois monstres, et pas des moindres. Ici, sur le refrain de "Right Round The Clock" c'est évidemment à Metronomy que l'on pense lorsque Louis O’Bryen vient doubler la voix féminine d’Asha Lorenz, là, lorsque celle-ci nous rappelle celle de Martina Topley Bird et que s’installe une moiteur et une nonchalance légèrement trip-hop c’est Tricky qui s'immisce, un peu plus loin c'est Pulp et que l'on croise, et tapie dans l'ombre c'est l'énergie de Pixies qui s'impose comme par exemple sur "Perfect" qui porte très bien son nom. Et le tout est organisé d'une façon extrêmement intelligente : c'est frais, c'est enjoué, c'est varié, les mélodies s'installent et l'atmosphère globale redonne ses lettres de noblesse au genre qui d'un coup semble se réinventer totalement. On peine à imaginer que la formation ait pu produire un son aussi mature alors que ce n'est que son premier album. Mais les singles et démos accessible via leur Bandcamp qui ont précédé cette sortie attisent tout notre intérêt ; un bijou comme celui-ci est rare et on va bien prendre soin de lui.
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17/20
PAAR
"Die Notwendigkeit der Notwendigkeit"
DATES | Sorti le 20 mars 2020 | Publié le jeudi 16 avril 2020
POURQUOI | Cold Wave | Pochette
ET ALORS | Il est des disques qui filent droit, sans détour ni fioritures et pour lesquels notre adhésion est immédiate. "Die Notwendigkeit der Notwendigkeit" qui se traduirait par "la nécessité du besoin", le premier album de PAAR, est de ceux-là. Ces trois jeunes gens bien inspirés originaires de Munich nous ravissent d'une coldwave qui présente des similitudes à trois décennies d'écart avec celle d’un autre groupe allemand, originaire de Hamburg celui-là : X-Mal Deutschland. Le chant avec ses syllabes traînantes n'est pas étranger à cette comparaison, et c’est d’ailleurs à une certaine mise à jour de la formule de leurs aînés que s’attaque PAAR, aidé en cela par une boîte à rythmes efficace et robuste qui ne ralentit jamais l’allure du début à la fin du disque. La magie qui opère nous en rappelle une autre, contemporaine cette fois : celle des Américains de Second Still avec cependant ici une partie électronique plus sautillante, laquelle rebondit en faisant le grand écart sur une basse et une guitare tellurique dont la palette sonore semble infinie. Nous avions bien besoin de réconfort en ces temps troublés, et l'on vous conseille de ne surtout pas passer à côté de cette jolie surprise qui, malgré son titre, regroupe huit pépites scandées exclusivement en anglais.
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15/20
Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
POURQUOI | Post-Rock | Pochette | Pologne
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !
CONNEXE | Post-Rock | Pologne
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14/20
NNHMN
"Shadow in the Dark"
DATES | Sorti le 7 janvier 2020 | Publié le mardi 10 mars 2020
POURQUOI | Nom | Pochette
ET ALORS | NNHMN, pour Non Human. Bien que la rythmique binaire dispensée par Michel Laudarg et la voix lancinante de Lee semblent dans un premier temps vouloir confirmer cet état de "non humain", présentant dès le démarrage de l'album une composition basique, froide et robotique, on découvre vite qu'il ne s'agit en fait que de subterfuges et que le duo à beaucoup plus que ça à nous raconter. La progression de chaque morceau, l'ambiance étrange qui s'installe très vite et qui ne nous lâchera pas jusqu'au terme des huit titres, les subtilités électroniques parsemées ça et là, sans hasard, le charme de la voix et surtout de ce chant aux nuances bien plus riches que ce à quoi le genre minimal wave nous habitue, NNHMN est clairement bien plus humain que ce que la formation tente de nous faire croire, et surtout, bien plus intelligent que ce vers quoi renvoie le champs sémantique un peu vulgaire ("Shadow in the Dark", "Scars", "Black Sun", "Vampire"…) qui risque d'en détourner plus d'un de leur disque. L'intrigante vidéo du titre "Spécial", inspiré par Nico dans le film "La Cicatrice intérieure" réalisé par Philippe Garrel en 1972, n'est pas en reste pour nous convaincre que ces deux artistes méritent toute notre attention.
CONNEXE | Adult. | Minimal Wave | EBM
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14/20
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"All or Nothing"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 2 mars 2020
POURQUOI | Nom | Pochette
ET ALORS | Une guitare discrète, une basse slappée, dansante et omniprésente, quelques notes de synthés, beaucoup d'espace, un chant féminin et masculin alterné qui fait parfois penser aux B 52's, inutile de vous faire un dessin : on est en plein dance-punk, ce mouvement né de la no-wave et du post-punk au début des années 80, où l'on croise les fantômes de Gang Of Four, Erase Errata, Bush Tetras, Radio 4 ou ESG. Ici, ça claque, ça pulse, ça obtient un succès fou sur les pistes de danse, et en même temps l’ensemble reste froid et hargneux, ce qui comble prafaitement les rebelles coriaces que nous sommes. Un petit disque foutrement efficace qui ravira autant votre âme que votre corps, et est l’occasion de rendre un bel hommage a Andy Gill, le guitariste de Gang Of four, disparu il y a quelques jours.
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16/20
Bedroom Eyes
"Nerves"
DATES | Sorti le 31 octobre 2019 | Publié le mercredi 26 février 2020
POURQUOI | Pochette | Shoegaze
ET ALORS | La pochette a elle seule aurait pu faire passer ce "Nerves" pour le disque de rock gothique qu’il n’est absolument pas. Les membres de Bedroom Eyes le définissent plutôt comme de l’heavy shoegaze, et l’on adhère bien volontiers à cette étiquette qui semble inventée pour qualifier le troisième album du groupe de Boston. On adore se laisser happer par cette brume sonore parfois indistincte, qui nous met dans le même état que lorsque l’on essaie de se rappeler un rêve sans y arriver complètement, dans lequel on se souviendra pourtant, par flashs, d’y avoir rencontré les guitares malmenées de My Bloody Valentine, le chant de Ride et la section rythmique d’Amusement Parks on Fire. Était-ce les uns après les autres ou plutôt tous ensemble ? Ce n’est plus très clair, mais peu importe : la fougue du quatuor fera le reste tout au long de ces douze titres bouillonnants et passionnés, guidés par un savoir faire peaufiné depuis le premier enregistrement de 2012 et indispensable à la réalisation d’une telle collection de chansons fiévreuses.
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13/20
Deserta
"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
POURQUOI | Pochette | Dreampop | Shoegaze
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.
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15/20
Night Sins
"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.
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14/20
FILTRES | Records